Histoire du musée

Les collections et leur histoire (1)

Les outils des luthiers de Jenzat

DécorLe centre luthier de Jenzat attire, dans un premier temps, l’attention des musicologues par les qualités de facture des vielles à roue. Ce patrimoine instrumental suscite depuis la fin du XIXe l’intérêt de nombreux musées et collectionneurs du monde entier.

Dans un deuxième temps, après 1950, les muséologues sous l’influence de Georges Henri Rivière, s’intéressent à l’ensemble culturel de la facture instrumentale.

Dès 1959, monsieur Favière, conservateur du musée de Bourges, souhaite installer deux vitrines consacrées à la vielle au musée de Montluçon, il réclame dans ce but le concours de Jacques Pajot, patron de la maison Pajot Jeune à Jenzat.

En 1960, une collection importante est réalisée par le musée national des Arts et Traditions populaires à Paris (MNATP, actuellement délocalisé à Marseille : MUCEM) suite aux visites, chez monsieur Pajot du directeur de ce musée : Georges Henri Rivière, et aux enquêtes en 1959 des ethnomusicologues du MNATP, chercheuses au CNRS, Claudie Marcel-Dubois et Marguerite Pichonnet-Andral.

En 1983 et 1984, une campagne d’enquêtes et une exposition de préfiguration du musée de Jenzat étaient réalisées par Jean-François Chassaing, ethnologue, sur financement du Ministère de la Culture (Mission du Patrimoine ethnologique, appel d’offre). En 1986, la création de la Maison du luthier / Musée (travaux financés par le Ministère de la Culture, inauguration en juillet par Jean Cluzel, président du Conseil général de l’Allier) permettait l’acquisition d’une très importante collection d’outils grâce à la donation de Jacques et Hélène Pajot (1).

En 1991 la ville de Montluçon, en concurrence déloyale avec le musée de Jenzat qui avait pris en charge officiellement le patrimoine luthier de Jenzat depuis 1986, achète pour son musée une collection d’outils de lutherie que M. Boudet vient d’acquérir auprès des établissements Pajot. Ce déplacement de collection réalisé au détriment d’une collectivité et sans son accord est contraire aux règles de l’ICOM (International Counsil of Museums), c’est pourquoi la Maison du luthier / Musée réclame le retour de cette collection, déplacée aux frais des contribuables du département de l’Allier, avec plusieurs enrichissements personnels au passage.

Après 1935, la plus grande partie des outils de lutherie appartient à la maison Pajot Jeune car celle-ci est la dernière en activité à Jenzat. A partir de 1991 les collections sont partagées entre les musées de Paris (MNATP), Montluçon et Jenzat. Les outils ont été brassés et distribués, certains viennent de l’atelier Pimpard, d’autres de l’atelier Nigout, d’autres de l’atelier Tixier, d’autres de chez J-B. Pajot. Seule une étude minutieuse de ces objets permet de remonter aux luthiers utilisateurs.

Le musée de Jenzat a entrepris cette étude et plusieurs autres concernant la diffusion des vielles, le négoce, la restauration, l’usage de certains outils tels que les règles à clavier, l’usage de l’image de la vielle comme marqueur de l’identité culturelle du Bourbonnais et des régions du centre de la France.

Jean-François Chassaing, conservateur de la Maison du luthier / Musée

(1) La chronologie des acquisitions effectuées par le musée de Jenzat (1983-2013) et l’historique des acquisitions réalisées à Jenzat par le MNATP et le musée de Montluçon, sont développés dans : Jean-François CHASSAING, Le Trésor des luthiers, catalogue et histoire des collections de la Maison du luthier / Musée à Jenzat (Allier), préface de Florence GETREAU (CNRS), édit. Amis de la vielle, Jenzat, 2013.

The collections and their history

Tools of the Jenzat instrument-makers

DécorThe instrument-making centre of Jenzat draws the attention of musicologists because of the high quality of the work, and the makers’ specialization in a single instrument, namely the hurdy-gurdy. This heritage has long since aroused the interest of museums.

In 1959, Mr. Favière, the curator of the Bourges Museum, wished to set up two glass-cabinets devoted to hurdy-gurdies in the Montluçon Museum; to do so, he requested the aid of Mr. J.-A. Pajot, Maison Pajot Jeune at Jenzat.

As early as 1960, an important collection had already been made by the Musée National des Arts et Traditions Populaires in Paris, as a result of several visits Georges-Henri Rivière, the curator of the museum, had paid to Mr. Pajot, and of the inquiries made in 1959 by two MNATP musicologists, Claudie Marcel-Dubois and Marguerite Pichonnet-Andral, research workers at the CNRS.

In 1984, an exhibition prefiguring the Jenzat Museum was financed by the Mission du Patrimoine Ethnologique of the Ministère de la Culture. In 1986, the foundation of the Maison du Luthier-Musée allowed the acquisition of a very important collection of tools (see the hurdy-gurdy workshop), through a donation by Jacques and Hélène Pajot, and as a consequence of the inquiries (1983-1984) made by Jean-François Chassaing, an ethnologist.

In 1991, the city of Montluçon bought a collection of tools from Mr. Boudet, an instrument maker, for its own museum ; originally, these tools were part of the Pajot Jeune collection.

After 1935, the major part of the tools for musical instrument making belonged to the Maison Pajot Jeune, for at the time their workshop was the last one still in operation in Jenzat. From 1991 on, the collections have been shared out among the museums of Paris (MNATP), Montluçon and Jenzat. The tools have been shuffled and reshuffled and dealt out, some coming from the Pimpard workshop, some from the Nigout workshop, others from the Tixier workshop, others again from the J.-B. Pajot workshop. Only a close study of the various items can result in finding out the identity of their original owners.

The Jenzat Museum has started research in this field, as well as in others concerning the circulation of hurdy-gurdies, the trade and restoration of the instruments, the use of certain specific tools, such as the Keyboard-rulers.

Jean-François Chassaing